17 janv. 2009

En train avec le Canadien

Maxime Massé
La Voix de l'Est, le samedi 17 janvier 2009D'anciens joueurs du Canadien ont assisté hier à l'ouverture officielle de l'exposition Les Canadiens passent par Sutton en train. Sur la photo, on aperçoit Richard Mireault, le président du Musée des communications et d'histoire de Sutton présentant la vitrine réservée à Bob Fillion, parrain de l'événement, à Tom Griss, conseiller municipal à Sutton.
Photo : Janick Marois

(Sutton) Peu de joueurs du Canadien des années 1940 et 1950 ont regretté l'abandon des longs périples en train au profit du confort de l'avion. À l'époque, c'est à bord du wagon Le Neuville que le Tricolore effectuait le trajet Montréal-Boston, un parcours de huit heures durant lequel l'équipe faisait halte à la gare frontière de Sutton. L'ancien joueur du Canadien, Bob Fillion (1943-1950), a pourtant exprimé beaucoup de nostalgie, hier, lors de l'ouverture officielle de l'exposition retraçant cette période au Musée des communications et d'histoire de Sutton.

«J'aimais beaucoup ça. Les trajets étaient longs, mais on en profitait pour jouer aux cartes. Et comme ça prenait environ 20 heures pour se rendre à Chicago, on avait le temps de se jouer des tours entre nous. On était comme des frères, car nous étions toujours ensemble. C'est sans doute pourquoi nous sommes toujours demeurés amis», raconte l'ancien joueur de centre, aujourd'hui âgé de 88 ans.

L'exposition Les Canadiens passent par Sutton en train! est née d'une conversation au sujet du centenaire du Canadien entre l'instigateur du projet, Richard Leclerc, et le président du Musée. Ce dernier lui a raconté que les enfants s'agglutinaient à la gare de Sutton pour tenter d'apercevoir leurs idoles avant qu'ils partent disputer un match à l'étranger. M. Leclerc a alors saisi la balle au bond et a rencontré Bob Fillion, qui est devenu en quelque sorte le parrain de l'exposition.

Le récipiendaire de deux coupes Stanley, que l'on voit tirer au poignet avec Maurice Richard sur l'une des photographies, a fourni beaucoup de photos et de documents personnels pour le projet, dont un chandail autographié qui sera mis à l'encan silencieux. «À chaque fois que je retourne au Centre Bell, les gens continuent de venir me saluer. C'est un peu pour remettre au public tout ce qu'il m'a donné que j'ai décidé de contribuer à l'exposition», indique celui qui a rendu le numéro dix célèbre, 30 ans avant Guy Lafleur.

Les visiteurs pourront aussi revivre la première époque glorieuse du Canadien à travers de nombreux artefacts et un document audiovisuel mettant en vedette d'anciennes vedettes de la Sainte-Flanelle dont Émile «Butch» Bouchard et Elmer Lach. Des anecdotes aux mauvais coups tels que le «hot foot», tout y passe.

«On allumait un paquet d'allumettes qu'on avait coincé entre la semelle et le soulier d'un joueur endormi», explique M. Fillion. Même le Rocket n'y échappait pas. «Maurice, il ne dormait pas souvent en train, mais il fumait un cigare une fois de temps en temps. Assez souvent, on s'amusait à les cacher un peu partout dans le wagon», dévoile l'ancien du Canadien qui se souvient avoir débarqué à quelques reprises à Sutton le temps de boire une bière.

D'autres anciens du Tricolore dont Norm Dussault, 83 ans, et Émile «Butch» Bouchard, 89 ans, devaient être présents, hier, mais le froid sibérien les a retenus à la maison. Le fils de «Butch», Pierre Bouchard, qui a remporté cinq coupes Stanley dans les années 70, était toutefois sur place. Ce dernier s'est dit heureux de voir une telle exposition relatant les exploits de son paternel et il espère que la campagne orchestrée en faveur du retrait du no 3 de son père se concrétisera dans un avenir rapproché. «C'est toujours flatteur de voir que les gens parlent encore de lui et c'est plaisant de voir que les jeunes prennent le temps de s'informer sur ce qu'il a accompli dans sa carrière. Pour lui, c'est une fierté qui lui donne un regain de vie», dit-il.

Redonner un deuxième souffle au musée

«La raison derrière toute cette exposition, c'est que le musée fonctionnait plus ou moins bien. L'achalandage était à la baisse et on recherchait un moyen pour attirer de nouveaux visiteurs. Lorsque l'idée du Canadien est sorti, on s'est dit qu'on avait trouvé la solution», révèle Richard Mireault, le président du Musée des communications et d'histoire de Sutton. Il espère que le bouche-à-oreille sera suffisant pour que l'exposition soit un succès.

Celle-ci aura lieu les samedis et dimanches, de 13h à 18h, au 30-A, rue Principale Sud à Sutton jusqu'au 29 mars. Richard Leclerc assure que tous les profits seront réinvestis pour financer les prochaines expositions temporaires. La prochaine est prévue pour la fin de l'été et devrait porter sur l'oeuvre de la chimiste culinaire québécoise, Jéhane Benoit, qui a vécu 25 ans à Sutton.

D'ici là, M. Leclerc promet de tout faire en son possible pour attirer d'autres joueurs du Canadien et possiblement la coupe Stanley, question de mousser la popularité de l'exposition.

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